de Julia Deck.

Devenir propriétaire dans un écoquartier d’une petite ville de banlieue : le rêve pour des Parisiens en quête d’air pur. Sauf que, dans cette allée paradisiaque, il y a d’autres heureux possesseurs d’une de ces belles maisons où « on aurait pu réaliser des shootings pour des magazines de décoration ». Que fomentent les voisins derrière leurs haies impeccablement taillées et autour de leurs barbecues ?

Un récit d’une perversion délectable, qui n’est pas sans rappeler l’Agatha Christie des Dix petits nègres.

Véronique

Annabelle portait son fils sur la hanche et toujours son air sournois. Elle a demandé si tout allait bien. Mais elle ne souhaitait pas réellement que tout aille bien. Elle souhaitait que nous fassions moins de bruit afin d’endormir le petit, par les fenêtres ouvertes tout s’entendait. J’ai regardé l’enfant silencieux, ses yeux plombés de sommeil. Elle continuait de m’observer en souriant. Car Annabelle ne souhaitait pas réellement que nous fassions moins de bruit. Elle souhaitait rassasier je ne sais quoi, une pulsion, un instinct qui depuis la première seconde a voulu faire couler le sang (p. 30-31).

Julia Deck, Propriété privée, éd. de Minuit, 2019.