de Thomas Cullinan.
Johnny McBurney, engagé volontaire dans l’armée Yankee lors de la guerre de Sécession, est blessé à la bataille de la Wilderness. Il est recueilli par Amelia Dabney, résidente d’une pension pour jeunes filles tenue par deux vieilles filles, les sœurs Martha et Harriet Farnsworth. Aux cinq pensionnaires (Amelia, férue de naturalisme, la jeune et irrévérencieuse Marie, Emily qui ne manque jamais une occasion de suppléer les sœurs Farnsworth, Alicia, déjà très intéressée par les garçons et la belle et hautaine Edwina), il faut ajouter la domestique noire, Matilda. Pour Johnny McBurnet, cette blessure apparaît très vite comme la chance d’échapper à la guerre et de prendre un peu de bon temps. Unique homme de la maisonnée, doté d’une maîtrise peu commune de l’art de la manipulation, Johnny s’évertue rapidement à incarner les fantasmes des unes et des autres… Un jeu dangereux car le nid douillet pourrait bien être également un nid de vipères…
Thomas Cullinan signe un remarquable huis-clos et parvient à maintenir une tension grandissante au fil des pages. Grâce à sa finesse psychologique, ce roman dresse également quelques beaux portraits de femme. Il est enfin d’une condamnation sans appel de l’hypocrisie sociale et notamment de la « bonne éducation ». Derrière les convenances, ces femmes, jeunes et moins jeunes, sont le plus souvent animées par des pulsions somme toute assez viles, en tout cas peu en phase avec les préceptes moraux dont elles se revendiquent volontiers.
Julien
Les Proies de Thomas Cullinan, éditions Rivages.
PS : Pour les amateurs de cinéma, le roman a été adapté par Don Siegel en 1971 et par Sofia Coppola en 2017.