de Leo Perutz.

Sous quels traits représenter Judas ? Voilà la question qui taraude Léonard de Vinci au début de ce roman. Et le peintre d’écumer les bas-fonds de la société milanaise à la recherche d’un modèle… Mais la chose n’est pas si facile car, pour Léonard de Vinci, Judas n’est pas un vulgaire galopin mais celui qui, par orgueil, a trahi l’amour qu’il éprouvait, celui, en somme, qui a refusé de trop aimer. C’est ainsi que s’ouvre ce roman savamment construit. Dès le second chapitre, Léonard de Vinci disparaît au profit de Joachim Benhaim, un marchant imbu de lui-même dont nous allons suivre les péripéties à Milan, notamment le recouvrement d’une dette auprès d’un usurier malhonnête, Bernardo Boccetta, et parallèlement sa rencontre amoureuse avec Niccola, une jeune milanaise dont il tombe éperdument amoureux.

Le Judas de Léonard peut se lire rapidement d’autant que le livre n’est pas épais mais ce serait une erreur — et le meilleur moyen de passer au travers de la musicalité du texte et de son orchestration minutieuse : qu’on pense, par exemple, aux trois passages qui concernent la bourse de Joachim Benhaim. Ce roman historique (nous sommes en pleine Renaissance italienne) s’apparente en vérité au conte universel, en ce qu’il illustre une idée (celle énoncée par Léonard de Vinci au premier chapitre sur l’orgueil comme origine du Mal) et propose une morale. Ce livre comblera les lecteurs curieux qui aiment découvrir des formes de narration différentes, des œuvres plus singulières et par là étonnantes.

Julien

La cène par Léonard de Vinci